Il n’est jamais trop tard
Comment « l’inrêvable » devient réalité ou comment j’ai osé dire oui à la moto.
Je suis née dans une famille de conductrices auto pure et dure: ma mère et ma grand-mère paternelle ont appris à leurs futurs époux à conduire une voiture et les accidents de deux-roues ont toujours fait partie des craintes viscérales. Jeune, je suis montée à deux occasions sur une moto. Le souvenir de la 2ème s’est marqué dans ma chair. Lors d’un mariage un de mes cousins m’a invitée à rejoindre la réception à l’arrière de sa vieille BMW alors que j’étais vêtue d’une robe en dentelle et je me suis brûlé profondément le mollet sur le pot d’échappement.
Lorsque ma fille aînée est arrivée à l’adolescence nous habitions un lieu reculé sans transports publics dignes de ce nom et la bicyclette n’était de loin pas le moyen adéquat pour se déplacer. Nous l’avons donc munie d’un scooter. Nous étions en France et à 16 ans elle à fait son permis en conduite accompagnée et pris une voiture à 18 ans.
Depuis, elle vit avec un motard qui lui a fait redécouvrir les plaisirs du deux-roues et, un jour, alors qu’elle était en train de faire son permis moto, j’ai lancé une phrase désinvolte: «Pourquoi est-ce que je le ferais pas moi aussi?». Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour réfléchir. Les jeunes m’ont demandé combien j’avais à mettre pour une moto. Puis, il se sont lancés dans la recherche d’un véhicule pour se faire une idée des possibilités. Nous étions en automne et ils ont trouvé une moto pas chère qui était l’une de ces occasions à ne pas manquer ! Alors dans la précipitation j’ai dit: « OK, allons-y ! ».
Au printemps, ça à été une autre affaire. J’ai pris mon permis provisoire; les jeunes ont ramené la moto chez eux. Là, c’était devenu concret. Elle était là. Elle m’attendait.
Aïe aïe aïe… L’angoisse, la hantise… je ne savais pas comment j’allais m’y prendre. Il fallait à présent l’apprivoiser, pour vivre avec elle ce que l’hiver m’avait apporté de rêves.
Je voulais faire face à l’engagement que j’avais pris envers moi-même de réussir cette folle aventure. Mon beau-fils m’a donné les premières bases sur un chemin de campagne. J’ai pris rendez-vous pour mon premier cours avec Cédric. Premier rendez-vous manqué: ma moto s’étant fait renverser par un automobiliste peu attentif. Dégât total avant même d’avoir pu aller sur la route! C’est là que j’ai su que j’y tenais et que j’en avais vraiment envie ! Je me suis battue pour faire réparer cette vielle dame qui était déjà si chère à mon cœur. Privée d’elle pendant un mois, l’angoisse de ne pas réussir m’a pris de plus belle.
Depuis, Cédric m’a rassurée, m’a mise en face de la réalité: « à moto, ne jamais se prendre pour prioritaire ». J’en ai changé ma façon de conduire une voiture, j’ai pris conscience que c’était surtout les autos qui étaient dangereuses pour les motos.
MERCI Cédric, car tu as su me mettre en confiance et j’ai un plaisir fou à rouler avec ma belle !!!
Mes parents ne sont toujours pas heureux et rassurés de mon choix mais nos échanges ont fait remonter à la surface que ma grand-mère était une MOTARDE sur les pistes du Gabon. Elle à vécu de folles aventures avec sa moto chérie jusqu’à ce qu’elle rende l’âme… Preuve génétique que je ne suis pas prédestinée à n’être qu’automobiliste.
Karin S. P.